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Youri Bergoug est un jeune adulte surprenant. À 21 ans, il s’est déjà rendu dans les zones les plus dangereuses du monde. Et ce n’est pas terminé. Rencontre.

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À 21 ans, Youri Bergoug s’est déjà rendu dans les zones les plus dangereuses du monde. Sur place, il crée des contacts et aide la population dans divers domaines. À Roubaix, il diffuse ses reportages réalisés sur place.

Quel toupet ! Le président roubaisien de l’Organisation française de la coopération internationale (OFCI) impressionne. Plus, Youri Bergoug, 21 ans, détonne. La première rencontre a eu lieu, par hasard, dans les coulisses d’un meeting de Farida Belghoul, le 19 mars, à Roubaix.

Deux cents personnes étaient présentes pour fustiger la théorie du genre supposément enseignée à l’école. Insuffisant pour le détourner de ses préoccupations. Ce soir-là, il s’était saisi du micro et avait pris l’auditoire de cours. «  Comment se fait-il que vous ayez obtenu une salle gratuite aussi facilement ?  »

2 600 attelles pour des réfugiés palestiniens

Son visage encore enfantin ne dissimule qu’une demi-seconde la maturité du bonhomme. «  Réfléchir à des projets sans les réaliser c’est source de frustration  », philosophe-t-il en fronçant ses épais sourcils noirs. Du concret ou rien pour Youri Bergoug.

Comme l’achat de ses 2 600 attelles de genoux, d’épaules ou encore de pouces qui seront prochainement envoyées à l’un des plus vieux camps de réfugiés palestiniens au sud du Liban : Ain El-Helweh et ses 70 000 âmes. La cause palestinienne, «  il n’y a pas un Roubaisien qui ne sente pas concerné. C’est très médiatisé ici.  » L’engagement prend la forme d’un petit insigne métallique accroché, près du cœur, à sa chemise bleue maya. Drapeaux français et palestinien, côte à côte.

Enfance à la Potennerie

On pourrait penser que cette cause le dépasse. Au contraire, il s’en est emparé dès son plus jeune âge. «  Je ne me souviens même plus de mes premières manifestations tellement j’étais petit.  » Son père Abdelkader Bergoug, par ailleurs secrétaire de l’association, confirme. «  J’ai tâché de lui transmettre un esprit critique.  » C’est réussi.

Youri Bergoug a grandi avec un père d’origine algérienne et une mère «  française de souche  », un frère et une sœur, au quartier de La Potennerie, dans «  un univers prolo roubaisien  ». Enfin, «  surtout populaire  », nuance Abdelkader Bergoug amusé et fier de son garçon décoré par l’Algérie. «  J’ai été fait citoyen d’honneur à Alger  », s’enorgueillit Youri Bergoug. À chaque déplacement, la même envie de nouer des liens, établir des contacts et ramener des informations. De son premier séjour, à Gaza, il a produit un documentaire de trente-cinq minutes visible sur son site internet. «  Il n’y a pas beaucoup d’étrangers qui entrent à Gaza et peuvent témoigner de ce qu’il s’y passe.  » L’enfer gazaoui défile alors en images.

Un bureau à la MDA

Retour à Roubaix. Dans son bureau au deuxième étage de la Maison des associations de Roubaix, Youri Bergoug explique les difficultés rencontrées avec la municipalité précédente pour obtenir des locaux. Manque d’écoute et de considération, reproche-t-il. Il attend mieux de l’équipe du nouveau maire. Puis, d’un ton ferme, il circonstancie ses espérances : «  Mon asso n’a aucun lien avec la politique. On s’est toujours débrouillé avec ou sans les élus  ». Notamment grâce au soutien de donateurs locaux et de subventions européennes.

Pour ce mandat, il espère compter sur un soutien de poids : Sauria Redjimi. Depuis le 6 avril, la présidente de la Maison des associations est adjointe à la vie associative, à la jeunesse et aux sports. «  Je lui fais confiance. C’est elle qui m’a permis d’avoir ce bureau.  »

Des projets en Europe

D’ici, le jeune président de l’OFCI se projette. «  Nous nous rendons dans des lieux où la ménagère de moins de 50 ans n’irait probablement pas : bande de Gaza, Sahara Occidental…  », écrit-il sur le site de l’association. Trois ans d’existence, trois régions différentes du monde visitées, Roumanie comprise. Les années défilent. L’objectif évolue. «  J’aimerais qu’on arrive à trois-quatre voyages par an.  »

Novembre 2013. Youri Bergoug surprend ses proches, encore. Direction la Roumanie. «  Les gens ne s’attendaient pas à ce qu’on fasse des projets en Europe. Nous sommes partis à sept pour animer des ateliers autour des élections européennes.  » La démocratie en point de mire. La liberté comme espoir. La justice comme moteur. Vraiment, le jeune Youri Bergoug impressionne.

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